Selon une étude du psychologue et auteur Richard Wiseman, seuls 12% d’entre nous rencontrent le succès en tenant sur le long terme les grandes résolutions que nous nous fixons pour notre santé et notre bien-être. Il doit donc y avoir une raison pour que 6 personnes sur 10 abandonnent leur nouvelle habitude dans les 3 premiers mois ! Ou plusieurs…

  • Certains veulent changer trop d’aspects de leur mode de vie en même temps.
  • D’autres se lancent tête baissée sans préparer de plan structuré pour y arriver.
  • L’environnement externe et les contraintes quotidiennes auxquelles il faut faire face ne sont parfois pas prises en compte.

 

Et pourtant, au lieu de ces raisons détaillées : « Je n’ai pas la motivation ou assez de volonté pour y arriver »  figure toujours parmi les principales causes invoquées. La plupart d’entre nous pensent que la volonté, et la motivation qui en résulte, sont des ressources limitées, qui s’épuisent. Et donc qu’il arrive un moment où ils ont tout donné. Où leur volonté s’estompe et que le changement qu’ils ont entrepris ne peut plus continuer.

Ce n’est – heureusement – pas une obligation et changer vos perspectives sur votre volonté et votre motivation pourrait bien révolutionner votre approche du changement et votre capacité à tenir vos résolutions.

Améliorer votre santé pour vivre mieux n’est pas une décision anodine. Elle requiert un changement de comportement par l’adoption de nouvelles habitudes ou la perte d’anciennes. Mais entre-temps le quotidien suit son cours et se préoccupe peu de cette décision. Donc notre 1er réflexe est de foncer vers notre « volonté » interne et de se dire: « Allez, soyons fort, demain je me lève en avance et je vais courir, j’arrête de manger des sucreries et je me force à répondre à tous mes emails en attente depuis 2 mois« .

Puisque nous plaçons tant d’espoir dans cette volonté pour nous faire changer, quel est ce concept exactement ? Et pourquoi tant de personnes semblent déçus par son utilisation et abandonnent ? Mais surtout, peut-on l’améliorer pour enfin atteindre nos objectifs ?

 

Le concept de Volonté

Nous mettons tous une image derrière ce concept de volonté qui dépend de nos objectifs : détermination, contrôle de soi, discipline, retenue, résilience. Et surtout, pour beaucoup, le dénominateur commun se situe dans l’idée que la volonté doit les forcer à accomplir quelque chose qu’ils ne veulent pas accomplir. La volonté serait donc utile quand notre objectif nous semble impossible ou contraignant.

Mais nous avons tous un point de cassure (une limite) face à la douleur, à la force, à la résistance, à la contrainte. Pendant des années, il était donc très répandu de penser la même chose vis-à-vis de la volonté. Une ressource en quantité limitée, dont on pouvait se servir jusqu’à ce qu’elle s’épuise en nous.

C’est le type de réflexion qui surgit dans notre esprit lorsque les vacances approchent, que l’on vient d’acheter nos billets de train ou d’avion, que l’on se met à reprendre la course à pied tous les jours pendant une semaine en mangeant léger et que l’on se retrouve physiquement épuisé le vendredi soir, sur le canapé la tête dans un paquet de chips. « Je n’ai plus la motivation pour y aller !« 

Cette vision de la volonté est fataliste et, paradoxalement, confortable : si la volonté est une ressource limitée, ce n’est pas de notre faute si elle s’épuise et que l’on échoue. Ceux qui réussissent ont simplement du être dotés d’un peu plus, ce qui les pousse un peu plus loin. Pas très optimiste comme point de vue. Bien que tout ne soit pas entièrement faux dans cette approche, de nouvelles recherches scientifiques ont permis d’étendre notre connaissance sur ce concept, ses possibilités et la manière de l’améliorer.

 

Changer votre perception va tout changer

Dans cette étude de l’université de Stanford de 2010 publiée dans Psychological Science, des chercheurs ont donné comme information aux sujets de l’étude que « travailler sur une tâche intellectuelle ardue peut parfois stimuler, donner l’envie et l’énergie d’entreprendre de nouvelles activités difficiles« . Le résultat…? Faire passer l’idée que la volonté est cumulative, c’est-à-dire qu’elle n’est pas une ressource finie mais, qu’au contraire, plus on l’utilise plus elle peut croître, a permis aux sujets d’avoir de bien meilleurs résultats dans l’exécution de la tâche ardue en question. Simplement en leur évoquant cette donnée nouvelle sur le concept de volonté avant de commencer !a conclusion de cette étude ouvre ainsi de nouvelles perspectives. Notre perception de la volonté joue un rôle fondamental dans notre capacité à trouver la motivation nécessaire pour accomplir nos résolutions.

Dans la suite de cette étude, 153 sujets furent interrogés sur leurs perceptions de la volonté et de la motivation. Ceux ayant envisagé ces concepts comme « finis » se sont déclarés « vidés, épuisés » après l’exécution de la tâche ardue à réaliser. Les autres, avec une approche « cumulative », ont vu leurs performances augmenter lors des exercices successifs qui leurs ont été proposés !

 

Comment améliorer votre situation à partir de cette nouvelle idée ?

Récapitulons de manière simple. Il est vrai que la volonté est une ressource finie pour la personne qui la perçoit comme tel. Cette personne se retrouvera ainsi à penser « qu’elle n’a plus la volonté de continuer » dans certaines situations. Si vous pensez le contraire, en revanche… Que vous lancer dans une résolution qui requiert de la volonté pour s’y tenir va vous donner l’envie d’accomplir encore plus… Alors vous allez vous retrouver doté(e) d’une motivation croissante et intarissable.

Le succès appelle le succès

Pourquoi est-ce important ? Réussir l’adoption d’un nouveau comportement sain tel que se remettre à une activité physique régulière peut alors entraîner la volonté et la réussite dans l’amélioration d’un autre aspect de son mode de vie, comme son alimentation par exemple. Et ainsi de suite, parfois dans des domaines très éloignés les uns des autres. Une bonne hygiène de vie n’est généralement pas issue d’un changement radical du jour au lendemain. Mais de cette chaîne de victoires qui s’accumulent les unes après les autres et permettent de construire un quotidien plus sain.

Notre cerveau se découvre des ressources insoupçonnées, on se sent de mieux en mieux, on y prend plaisir. On veut donc se sentir encore mieux et atteindre une prochaine étape. Avec ce plaisir vient la volonté d’en faire plus.

 

Par où commencer à la suite de cet article ?

« Tout progrès de la connaissance profite à l’action, tout progrès de l’action profite à la connaissance« , Edgar Morin dans « La connaissance de la connaissance ».

Le cerveau humain est complexe. Mais il est par conséquent très puissant. Avant de se lancer dans l’action, dans l’adoption de nouvelles habitudes, nos croyances et notre auto-persuasion vont déterminer notre chance de succès dans l’objectif nouveau que l’on se fixe. Notamment notre auto-persuasion sur les capacités de notre volonté. Sur l’idée que l’on ne doit pas se retrouver vide de toute motivation après quelques jours ou semaines à essayer d’améliorer ses comportements. Sur l’acceptation que l’on a probablement mal géré un paramètre si cela venait à arriver (qu’il est alors nécessaire d’identifier).

La manière dont vous envisagez votre « volonté » et votre « motivation » va se répercuter sur les actions que vous allez entreprendre ensuite. Et cela peut représenter le facteur clé de succès ou d’échec.

 

Il est désormais plus facile de comprendre pourquoi il est recommandé d’y aller progressivement lorsque l’on cherche à changer. Si l’on évite de tout révolutionner du jour au lendemain, que l’on décompose notre objectif en petites étapes successives et que l’on adopte un état d’esprit par lequel on se dit que réussir un 1er challenge va nous donner plus de moyens et nous stimuler pour accomplir le suivant. Alors tout devient possible, moins contraignant et nous disposons de plus d’énergie pour commencer à accumuler les réussites.

  • Vous voulez vous lever 30 minutes plus tôt pour faire de l’exercice ? Commencez par 5 minutes et quelques étirements.
  • Vous aimeriez mangez plus équilibré ? Plutôt que se priver, commencez en remplaçant l’un de vos snacks par une alternative plus saine. Ou travaillez juste à ne pas piocher dans les friandises de la salle de réunion.
  • Vous aimeriez courir un marathon un jour ? Débutez par 5 minutes de jogging autour de votre quartier ou lorsque vous allez chercher vos enfants à l’école.

La consistance est mère de réussite et de résultats qui peuvent nous paraître au départ inatteignables.

 

Une question à garder à l’esprit

La prochaine fois que vous avez l’impression d’avoir épuisé votre volonté de poursuivre, prenez du recul. Et posez-vous la question: quels succès ais-je accompli jusqu’ici ? Comment puis-je utiliser ces étapes déjà franchies pour me donner les moyens de continuer ? Comment reformuler la manière dont j’envisage la volonté et son fonctionnement ?

Ne craignez pas la survenance de difficultés mais cherchez ainsi à comprendre comment les surmonter.

 

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Références :

JOB, V., DWECK, C. & WALTON, G., 2010. Ego Depletion−−Is It All in Your Head? : Implicit Theories About Willpower Affect Self-Regulation. Psychological Science, XX(X), pp. 1-8.
SCOTT-DIXON, C., 2015. What you don’t know about willpower. [Online]
WISEMAN, R., 2015. [Online] Available at: https://richardwiseman.wordpress.com/