Un acte déclencheur pousse parfois les gens à mettre en place des plans d’action du tonnerre pour atteindre un idéal qui les fait rêver depuis longtemps.
Critique ou remarque de proches, conseil d’un expert ou jalousie d’un concurrent par exemple … Les raisons qui nous poussent à changer sont personnelles et parfois enfouies dans notre inconscient. En effet, à chaque fois, un plan d’action de haute volée est créé pour atteindre cet objectif. Ce qu’il faut mettre en oeuvre pour atteindre l’objectif peut parfois être difficile voir désagréable mais il est nécessaire pour arriver à son idéal. Et même de temps en temps, il peut être vécu comme un mal pour un bien, une punition nécessaire.
- Du jour au lendemain, j’arrête la cigarette.
- Du jour au lendemain, je me mets à courir 45 minutes tous les soirs.
- Du jour au lendemain, je fais 25 minutes de muscu tous les matin.
Il faut marquer le coup ! Quitte à commencer une activité, autant y aller fort. Il me faut cela pour réellement changer.
Et ça marche ! Mais pas longtemps…
Dans les faits, ce changement brutal va être productif et efficace. Le sentiment de réussite est présent, les activités et les objectifs sont atteints même si certains sautent parfois. C’est normal se dit-on, c’est le début.
En effet, c’est le début, la motivation est au sommet et elle nous permet de renverser des montagnes. C’est facile de trouver des exemples de cette situation. A chaque fois, on est étonné par la capacité humaine et sa force mentale. La France est même reconnue pour exceller en la matière dans les sports collectifs : dos au mur, c’est là qu’elle se transcende et devient meilleur. Par exemple, on se souvient tous des Unes de la presse Espagnole mettant Zidane à la retraite lors de la Coupe du Monde de Football 2006. On a le même exemple en basket lors de l’Euro 2013 contre l’Espagne qui n’avait cessée de lui briser ses rêves lors des compétitions précédentes.
Du rêve… à la réalité. Car c’est aussi cette motivation hors norme qui va nous faire échouer. La motivation fluctue. En effet, un élément extérieur et imprévisible peuvent très bien la détruire du jour au lendemain : la maladie, la météo, la capacité… Surtout, la motivation ne cesse de se réduire dans le temps. En conditionnant la réalisation de ses objectifs à sa motivation, c’est ne prendre en compte qu’un aspect de votre changement de comportement : les plaisirs, le corps et l’esprit sont grands oubliés.
Des plans d’action militaires… se révélant contre-productifs
Au delà de l’aspect motivationnel, entreprendre une telle rupture est aussi destructeur tant sur le plan physique que mental.
1. Physiquement
Tenter de réussir son plan du tonnerre, cela a un coût pour l’organisme. En effet, le corps est prêt à relever le défi dans l’immédiat. Il réussit très bien au début. Mais petit à petit, il commence naturellement à lâcher prise. C’est le début de la fin. Il ne peut pas récupérer et se reconstruire sur la base des efforts accumulés.
L’exemple typique est celui de la musculation : s’entraîner tous les jours est proscrit par tous les coachs en salle. En effet, ces derniers imposent de manière juste des journées de récupération dans les programmes. C’est bien. Mais on a envie de dire que s’entraîner régulièrement (donc en respectant les journées de récupération) et de façon intense pour quelqu’un qui ne part de rien est également à proscrire.
Le corps réussira mieux en lui permettant de prendre le temps de s’adapter : commencer petit pour réussir durablement plutôt que de commencer intensément et d’essayer de tenir longtemps (impliquant donc une fin !). L’organisme et nos muscles ont besoin de temps. En commençant déjà de manière très intense et difficile, il ne pourra pas avoir le temps de s’adapter. N’écouter que sa motivation n’est donc pas la clé. Sinon, c’est le corps lui-même qui lâchera d’épuisement.
2. Des traces indélébiles de l’effort sur l’esprit
Face au défi à relever, notre esprit se prend au jeu. C’est une source de motivation. Mais l’échec arrivera à un moment ou à un autre. Cet échec n’est pas concevable quand le défi est si élevé. Échouer une fois reste acceptable, mais multiplier les échecs réduit à zéro le challenge : tant d’effort pour atteindre un objectif qui reste dur tous les jours. Quel sens y donner ? Jusqu’à quand me vois-je tenir ?
L’esprit s’habitue de lui-même à l’idée d’une temporalité dans la réalisation des objectifs physiques. Par exemple, je tiens deux mois. Une fois ces deux mois tenus, a-t-on vraiment envie de subir de nouveau un programme intense sachant pertinemment qu’on ne réussira pas à le tenir durablement ? L’esprit est-il prêt à se donner autant pour un résultat vain ? Même si notre corps ayant récupéré peut répondre présent, l’effort si dur du dernier plan « militaire » a laissé des traces dans l’esprit de l’individu. Celui-ci devra compter sur une motivation encore plus forte que la première fois pour se relancer. Une illusion.
Travaillons plutôt les habitudes… avec plaisir !
N’en restons pas à la surface, n’en restons pas au stade de la motivation. Allons au fond du changement comportemental. Attachons-nous à la prise d’habitudes. Pour cela, les objectifs les plus simples, les plus réalistes et les plus atteignables vont nous permettre d’acquérir des habitudes qui seront le socle du changement comportemental. Une fois que votre comportement devient une habitude, vous « l’automatisez » et vous devenez ainsi bien moins dépendant de votre motivation. Ici, la notion de plaisir n’est pas écartée. Au contraire, elle est au centre du changement pour vous permettre de durer.
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